jeudi 17 septembre 2009

Remords posthumes

Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,
Te dira: "Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?"
— Et le ver rongera ta peau comme un remords.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Mon rêve familier


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? — Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et grave, et calme, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.



Paul Verlaine, Poèmes saturniens


Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! Telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! Dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!


Baudelaire, Les Fleurs du Mal (seconde édition de 1861)

mercredi 16 septembre 2009

Le chat

Baudelaire était un amoureux des chats... Voici un des poèmes qu'il a écrits sur ces petits félins...


Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde,
C'est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!

— De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée, est-il dieu?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,

Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (seconde édition de 1861)

L'Horloge

Horloge! Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! — Rapide, avec sa voix
D'insecte, maintenant dit: je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!

Remember! Souviens-toi! Prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! C'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! La dernière auberge!),
Où tout te dira: Meurs, vieux lâche! Il est trop tard!"


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (seconde édition de 1861)

Les métamorphoses du vampire

La femme cependant de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,

Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
— "Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras veloutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les Anges impuissants se damneraient pour moi!"

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Je fermai les deux yeux dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (première édition de 1857)

Le mort joyeux

Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

Je hais les testaments et je hais les tombeaux;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

O vers! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts!


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal

Le chat

Un autre poème félin...


Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (seconde édition de 1861)

Sting - Shape Of My Heart


Une chanson magnifique de Sting que l'on entend au générique de fin du film Léon de Luc Besson, avec Jean Reno et Natalie Portman...


 


He deals the cards as a meditation
And those he plays never suspect
He doesn't play for the money he wins
He doesn't play for respect

He deals the cards to find the answer
The sacred geometry of chance
The hidden law of a probable outcome
The numbers lead a dance

I know that the spades are the swords of a soldier
I know that the clubs are weapons of war
I know that diamonds mean money for this art
But that's not the shape of my heart

He may play the jack of diamonds
He may lay the queen of spades
He may conceal a king in his hand
While the memory of it fades

I know that the spades are the swords of a soldier
I know that the clubs are weapons of war
I know that diamonds mean money for this art
But that's not the shape of my heart.
That's not the shape, shape of my heart.

And if I told you that I loved you
You'd maybe think there's something wrong
I'm not a man of too many faces
The mask I wear is one

Those who speak know nothing
And find out to their cost
Like those who curse their luck in too many places
And those who fear are lost

I know that the spades are the swords of a soldier
I know that the clubs are weapons of war
I know that diamonds mean money for this art
But that's not the shape of my heart
That's not the shape of my heart
That's not the shape, shape of my heart


La Carioca


Petit passage culte de la Cité de la peur... ;-)


 

dimanche 13 septembre 2009

Axelle Red - Parce que c'est toi




 

Si tu crois un jour qu'je t'laisserai tomber
Pour un détail pour une futilité
N'aie pas peur je saurais bien
Faire la différence

Si tu crains un jour qu'je t'laisserai fâner
La fin de l'été, un mauvais cap à passer
N'aie pas peur personne d'autre n'pourrait
Si facilement te remplacer

Oh non pas toi
Vraiment pas toi
Parce que c'est toi le seul à qui je peux dire
Qu'avec toi je n'ai plus peur de vieillir

Parce que c'est toi
Rien que pour ça
Parce que j'avoue j'suis pas non plus tentée
D'rester seule dans un monde insensé

Si tu crois un jour q'tout est à refaire
Qu'il faut changer; on était si bien naguère
N'aie pas peur je n'veux pas tout compliquer
Pourquoi s'fatiguer

Et commence pas à te cacher pour moi
Oh non, je te connais trop bien pour ça
Je connais par coeur ton visage
Tes désirs, ces endroits de ton corps
Qui m'disent encore

Parce que nous c'est fort

Parce que c'est toi j'oserais tout affronter
Et c'est toi à qui j'pourrais pardonner
Parce que c'est toi
Rien que pour ça

Parce que c'est toi j'voudrais un jour un enfant
Et non pas parce que c'est le moment

Parce que c'est toi
Je veux te voir dedans
J'verrais dans ses yeux tous ces petits défauts
Parce que parfait n'est plus mon créneau
Parce que c'est toi
Parce que c'est toi le seul à qui j'peux dire
Qu'avec toi je n'ai plus peur de vieillir
Parce que c'est toi
Rien que pour ça
Parce que j'avoue j'suis pas non plus tentée
D'rester seule dans un monde insensé
Parce que c'est toi

Frankie Goes To Hollywood - The Power Of Love


La chanson est superbe, mais le clip est complètement nul... lol

Enfin, appréciez tout de même cette superbe chanson... ;-)







I'll protect you from the hooded claw
Keep the vampires from your door

Feels like fire
I'm so in love with you
Dreams are like angels
They keep bad at bay-bad at bay
Love is the light
Scaring darkness away-yeah

I'm so in love with you
Purge the soul
Make love your goal

*the power of love
A force from above
Cleaning my soul
Flame on burn desire
Love with tongues of fire
Purge the soul
Make love your goal

I'll protect you from the hooded claw
Keep the vampires from your door
When the chips are down i'll be around
With my undying, death-defying
Love for you

Envy will hurt itself
Let yourself be beautiful
Sparkling love, flowers
And pearls and pretty girls
Love is like an energy
Rushin' rushin' inside of me

*(repeat)

This time we go sublime
Lovers entwine-divine divine
Love is danger, love is pleasure
Love is pure-the only treasure

I'm so in love with you
Purge the soul
Make love your goal

The power of love
A force from above
Cleaning my soul
The power of love
A force from above
A sky-scraping dove

Flame on burn desire
Love with tongues of fire
Purge the soul
Make love your goal

I'll protect you from the hooded claw
Keep the vampires from your door




The Pianist (ballade n° 1 en sol mineur de Chopin)


Une des scènes du film "The Pianist" qui m'a fortement émue... J'vous en fait part!

Et puis, j'adore cette ballade de Chopin... ;-)




Genesis - Mama





I can't see you mama


but I know you're always there
ooh to touch and to feel you mama
oh I just can't keep away
it's the heat and the steam of the city
oh its got me running and I just can't brake
so say you'll help me mama
cos its getting so hard oh

Now I can't keep you mama
but I know you're always there
you listen, you teach me mama
and I know inside you care
so get down, down here beside me
oh you ain't going nowhere
no I won't hurt you mama
but its getting so hard oh

Can't you see me mama
mama mama mama please
can't you feel my heart
can't you feel my heart
can't you feel my heart ooh
listen to me mama
mama mama
you're taking away any last chances
don't take it away
can't you feel my heart ?

It's hot, too hot for me mama
but I can't hardly wait
my eyes they're burning mama
make the pain, make it go away
no I won't hurt you mama
but its getting so hard oh

Now I can't see you mama
but I know you're always there
you taunt, you tease me mama
but I never never cen keep away
it's the heat and the steam of the city
Oh got me running and I just can't brake
So stay don't leave me mama
'Cause its getting so hard - oh

Don't go no no, don't go
No no no, don't